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Optimiste et réaliste - Discours d’ouverture de Nathalie Sarrabezolles

Jour de Séance plénière au Conseil départemental du Finistère. Pour l’ouverture de cette journée, le discours de Nathalie Sarrabezolles est centré sur l’avenir de nos territoires, sur la nécessaire confiance que nous devons avoir dans notre Département. Nous avons de nombreux atouts, il faut les mettre en avant et porter un message d’avenir et positif. C’est le sens des politiques inscrites dans le budget départemental 2017.

 

« Mesdames les conseillères départementales,

Messieurs les conseillers départementaux,

Mesdames, Messieurs,

Nous ouvrons aujourd’hui la séance de l’Assemblée départementale consacrée au budget. Premier budget depuis l’adoption de notre projet, premier budget depuis l’entrée en vigueur des principales dispositions de la réforme territoriale.

Dans un contexte difficile, maintes fois évoqué en cette enceinte, des défis s’ouvraient à nous : mettre en œuvre notre volonté d’améliorer au quotidien la vie des Finistériennes et des Finistériens, à tout âge, avec une attention particulière aux personnes les plus fragiles, à celles et ceux qui subissent des accidents de vie, contribuer au dynamisme et à l’attractivité du département, mais également adapter et faire évoluer nos manières de travailler, nos organisations, face aux nouvelles attentes et au nouveau cadre d’action. Les agents du Conseil départemental, les partenaires, tous et toutes ont été au rendez-vous pour préparer au mieux les temps à venir, partageant le souhait d’avancer ensemble et conscient.e.s de l’urgence à réaliser les projets. Les solutions proposées collectivement sous-tendent le projet départemental voté en 2016.

Nous avons ainsi réussi notre pari : être en permanence en éveil, en mouvement, être force de proposition, ne pas nous laisser imposer les choix de l’extérieur. Le budget qui sera présenté ce jour en est le reflet. En phase avec le projet comme avec le cadrage et les objectifs de la réforme territoriale, il tient compte de l’évolution du positionnement du Conseil départemental et de la clarification des compétences de chacun. Construit sans augmentation du taux de fiscalité, il s’équilibre à la fois grâce au travail entrepris depuis de nombreuses années en interne comme avec nos partenaires et grâce aux choix politiques sur les priorités départementales. Nous sommes ainsi parvenu.e.s à absorber la baisse des dotations de l’État et l’amplification des politiques de solidarité, tout en restant attentifs au niveau et à la qualité de service public attendu.

Nous serons amenés à en discuter au fil des rapports, présentés pour une meilleure lisibilité sur le canevas du projet départemental.

Comme je le précisais lors des vœux adressés aux agents, tout est loin  d’aller mal en Finistère. Si nous voulons lutter pour le développement de notre territoire, contre la fracturation de notre société, il nous faut valoriser les éléments positifs. Et ces éléments positifs existent bel et bien en Finistère ! Nous disposons des ressources nécessaires pour construire notre avenir. Günter Pauli, professeur et créateur de la fondation ZERI (Zéro émission, recherches et initiatives) invité récemment en Cornouaille pour y parler développement, l’a confirmé si jamais nous en avions besoin, ajoutant que la principale fragilité de la Bretagne est le doute.

Alors, sans même être optimistes, soyons au moins réalistes. Nous le savons, des Finistériennes et des Finistériens vivent dans la précarité, dans l’angoisse du lendemain et nous devons leur apporter tout le soutien, toute l’attention nécessaire pour les accompagner dans le rétablissement de leur situation. Pour autant, nous vivons dans une région, dans un département, où les inégalités sont moins fortes qu’ailleurs – une récente étude INSEE le confirme, et les chiffres montrent globalement une reprise de l’activité économique dans notre territoire.

Le chômage recule à nouveau en décembre, amenant à une baisse de 4,7 % sur un an en Bretagne (-5,1% en Finistère pour les personnes sans aucune activité). C’est la région qui connaît la plus forte baisse après les Pays de la Loire. De la même façon, nous observons une amorce de baisse du RSA : -1,3 % alors qu’il augmentait de 7 à 8 % les années précédentes. La formation, qui explique pour partie la baisse de demandeurs d’emploi, reste primordiale : plus de 61% des personnes trouvent un emploi dans les 6 mois qui suivent. Les évolutions dans les données, une forme d’effet yoyo, s’expliquent par une reprise qui se traduit en partie par des emplois en CDD ou en intérim. L’un des enjeux majeurs reste donc encore la résorption de la précarité. Et je pense bien entendu en ce moment à toutes celles et ceux qui ont perdu leur emploi ou risquent de le perdre.

Je le disais il y a quelques instants, malgré les doutes et les crises dans certaines entreprises, l’année 2017 s’ouvre sur des perspectives économiques encourageantes : l’industrie dans notre Région « reprend des couleurs, portée par l’innovation et les nouvelles technologies » nous dit Jean-François Garrec, président de la CCI Bretagne. Et de nombreux secteurs sont concernés : équipement, bâtiment et surtout agroalimentaire, qui conserve sa première place en France et en Europe (20 milliards de chiffre d’affaires annuel, soit 12% de la production nationale, dont 4 milliards à l’export).

Notre département est attractif et réputé : nous avons reçu 7 millions de visiteurs et visiteuses dans notre département, le nombre d’étudiant.e.s a progressé, comme le nombre de chercheurs et chercheuses, de laboratoires, qui place Brest en première place des ports scientifiques français devant Nantes, Bordeaux ou Marseille. L’ouest breton est un territoire attractif pour les investissements étrangers avec 168 établissements qui ont bénéficié d’investissements directs étrangers (IDE), 2 des 3 premières entreprises exportatrices bretonnes se situent dans le Finistère, comme le premier festival de musique, 48 000 navires passent chaque année dans le rail d’Ouessant, et je ne parle pas des résultats du Vendée Globe, dont la ligne d’arrivée a vu défiler, à la suite d’Armel Le Cléac’h, nombre de champions finistériens ou s’entraînant en Finistère, à Port-Laforêt. J’associe également à ces palmarès Francis Joyon qui vient de passer la ligne d’arriver en remportant le nouveau record du trophée Jules Verne : 40 jours pour un tour du monde à la voile ! Nous les félicitons tous très chaleureusement. A titre d’exemple de la vitalité culturelle, je citerai également Chemins du patrimoine en Finistère, qui a accueilli en 2016 plus de 215 000 visiteurs et visiteuses, dont 55 000 pour Noël à Trévarez (une augmentation de 38%). Je remercie tous ceux et toutes celles qui concourent à ces succès par leur action dans les équipes et dans les territoires. C’est aussi grâce à elles, grâce à eux qu’il fait bon vivre dans notre Département !

C’est un fait, le Finistère dispose de nombreux atouts et de beaucoup de ressources. Pour en tirer le meilleur profit dans une logique de développement durable, la recherche et le développement, ainsi que l’ingénierie de projet sont indispensables. C’est pourquoi nous proposons que le Conseil départemental reste partenaire sur ces questions, notamment à travers nos engagements du contrat de plan état région.

C’est en tenant compte des réalités locales, des ressources, que nous pouvons collectivement construire un futur positif dans notre territoire. Cela passe par un certain nombre de transformations, et celles-ci sont en cours. Et puisque l’une de nos fragilités est le doute, arrêtons de douter et projetons nous vers l’avant.

En matière économique, ainsi, le Conseil départemental ne pourra plus intervenir directement, hormis dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche, pour lesquels nous avons signé une convention avec le Conseil régional. Il reste toutefois un acteur et un partenaire des politiques de développement territorial. Aménagement, infrastructures, projet alimentaire de territoire, syndicat mixte pêche plaisance, tourisme, qualité de vie et attractivité, université, recherche : autant de domaines dans lesquels nous sommes présents et bien présents. Quant aux politiques d’insertion, qui sont développées dans le cadre du programme territorial, elles ne se conçoivent que dans un partenariat économique étroit.

L’accessibilité du Finistère, le déploiement des plaques numériques, sont également des projets qui contribuent au développement du Finistère. Nous les évoquerons lors de cette séance, mais nous pouvons d’ores et déjà nous réjouir de la possibilité, dès cet été, de rallier Brest et Quimper à Paris en moins de 3h30. Des esprits chagrins pourront nous dire que le temps du Rennes Paris est aussi, et surtout, raccourci. C’est certain, mais je pense que c’est malgré tout une avancée importante et que l’équilibre territorial de la Bretagne, notamment sur son axe est/ouest, ne se limite pas à la question ferroviaire. Les discussions que nous prévoyons en Finistère avec les collectivités pourront nous permettre de porter collectivement les intérêts de notre département et de l’équilibre territorial dans le cadre du Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET). Les président.e.s d’EPCI, que j’ai reçu.e.s au début du mois, s’y sont toutes et tous déclaré.e.s favorables.

Et puisque j’évoque l’aménagement, je vous informe que la mise en œuvre du schéma d’amélioration d’accessibilité des services au public, qui nous sera bientôt soumis dans sa forme définitive, voit déjà ses premières déclinaisons avec l’ouverture en 2017 de trois maisons des services au public : à Concarneau, Crozon et Quimperlé. Car ne nous y trompons pas : les politiques de solidarité participent clairement au développement et au rayonnement de notre Département. C’est un investissement d’avenir, au même titre que les politiques éducatives et culturelles.

Notre état des lieux sur les besoins en termes d’assistance technique et d’ingénierie se concrétisera également dès cette année, par une clarification des ressources existantes, qui vous sont présentées aujourd’hui sur table sous forme d’un mode d’emploi, puis par une déclinaison dans le cadre des échanges sur les contrats, territoire par territoire.

C’est un fait, les lois NOTRe et MAPTAM ont de fortes conséquences sur les collectivités locales et donc sur le Conseil départemental. Les temps ont changé : c’est un autre département qui se construit aujourd’hui, avec de nouvelles approches, de nouveaux modes d’intervention, déjà amorcés mais accélérés cette année.

Grâce à ce budget, grâce aux projets, nous commençons cette année sur des bases qui nous permettent d’envisager sereinement le travail qu’il nous faut encore mener, pour évaluer et adapter les politiques publiques dans un souci d’optimisation et de qualité du service public, territorialiser un peu plus nos interventions, en tenant compte des particularités des bassins de vie finistériens, apporter notre soutien et notre appui aux forces vives de notre territoire pour contribuer à en assurer la vitalité.

Et comme tout ne passe pas par des moyens financiers supplémentaires, il nous faut également penser notre positionnement, notre organisation et les articulations, inventer les nouvelles façons de faire, trouver de nouveaux partenaires. En la matière, comme en matière d’innovation sociale, le Conseil départemental s’est engagé depuis de nombreuses années et continue donc dans cette voie. Nous le savons, la voix du Département porte et nous nous employons à la porter sur tout sujet qui nous semble important pour le Finistère et nos concitoyen.ne.s. A ce propos, et puisque le sujet est d’actualité, je vous informe que j’ai pris l’attache de Marisol Touraine, ministre de la santé, à propos de la réforme du financement des soins de suite et de réadaptation, qui impacte particulièrement la fondation Ildys, dont le centre Perharidy est reconnu pour la qualité de ses prises en charge spécialisées.

Je souhaite avant de terminer évoquer trois sujets qui nous occuperont grandement en 2017 : le cinquième schéma enfance famille, le programme des évaluations des politiques publiques et l’année de l’engagement associatif et du bénévolat.

L’évaluation du quatrième schéma enfance famille a été réalisée sous la responsabilité d’Alain Grevot, conseiller auprès de l’ODAS et délégué thématique auprès du Défenseur des droits, dans une exigence de transparence et d’efficacité. Vous en avez eu la présentation en séance plénière. Le nouveau schéma, construit également dans une démarche participative, s’appuiera sur les conclusions de cette évaluation et sur la nouvelle loi relative à la protection de l’enfance de 2016. Le comité consultatif est installé, et des rencontres ont déjà été organisées dans ce cadre. Elles se poursuivront tout au long de l’année. Répondant à notre volonté de placer l’enfant au cœur des politiques qui le concernent, il aura pour principal objectif de garantir aux enfants et aux jeunes la mise en œuvre d’un projet personnalisé dans une logique de parcours cohérent, répondant à leurs besoins et préparant leur avenir.

Dans la suite de notre programme d’évaluation, je propose que nous nous attachions plus particulièrement en 2017 au schéma des enseignements artistiques, adopté en 2010, ainsi qu’aux politiques d’accompagnement des allocataires du RSA. Notre ambition : proposer des dispositifs efficaces, évoluer en fonction des besoins et des contextes en conservant nos objectifs. Evaluer régulièrement ces dispositifs pour les adapter nous permet d’améliorer nos interventions et donc les politiques publiques.

Enfin, je souhaitais évoquer plus avant le calendrier et le cadre des échanges proposés pour l’année de l’engagement associatif et du bénévolat. Nous connaissons toutes et tous à la fois la richesse du mouvement associatif et les difficultés qu’il rencontre. Cette année de mobilisation vise donc à partager nos analyses, nos approches, et à faire émerger des solutions communes face aux problèmes rencontrés. Elle nous permettra également de valoriser le bénévolat, sous ses diverses formes, ainsi que l’initiative citoyenne, et de sensibiliser les Finstérien.ne.s, notamment les jeunes, au sens et à la richesse de l’engagement.

Cette démarche associera largement le monde associatif, mais aussi l’ensemble de leurs soutiens et partenaires, notamment les collectivités et l’État. Après une première réunion préparatoire de lancement, en février, qui définira les modalités et les groupes de travail, je propose un grand rendez-vous des associations du Finistère au mois de juin prochain, sous forme d’états généraux. Des ateliers organisés par la suite nous permettront de débattre des réponses à apporter et des pistes à explorer pour faciliter leur quotidien et favoriser leur vitalité.

Dans cette période de doute et de morosité, parfois savamment orchestrée, la question n’est pas tant « Qui sommes-nous ? » que « Que voulons-nous faire ensemble ? » C’est bien le sens de ce que nous proposons à travers notre projet. Répondre à cette question, cheminer de concert, demandent du temps et je propose que nous le prenions, tout au long de ce mandat, afin de contribuer collectivement à construire durablement le Finistère que nous souhaitons et la société à laquelle nous aspirons. »

Seul le prononcé fait foi