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Discours introductif de Nathalie Sarrabezolles, Séance plénière du 18 octobre 2018

Mesdames et Messieurs les Conseillères départementales et conseillers départementaux,

Cher.e.s collègues,

Mesdames et messieurs les agents du Conseil départemental,

Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie de votre présence à cette séance plénière du Conseil départemental.

Je souhaiterais avant tout, en ce début de séance, avoir avec vous une pensée pour les habitantes et habitants de l’Aude, qui viennent de vivre une catastrophe majeure, ayant entrainé le décès d’au moins 14 personnes. Ces inondations, inédites par leur ampleur, s’avèrent en outre plus dommageables car l’évacuation des eaux est plus longue et plus difficile que lors de précédents épisodes. La solidarité, dans le département et depuis l’extérieur, s’organise et s’amplifie, mais les personnes et les territoires touchés en porteront longtemps la marque. La reconnaissance de catastrophe naturelle est acquise pour 126 communes. J’espère que les conséquences de ce subit accès météorologique pourront être atténuées au maximum. Depuis le Finistère, où nous connaissons tempêtes, submersions marines et inondations, nous adressons nos pensées solidaires à la population, aux élu.e.s, aux secours qui s’organisent.

Mesdames et Messieurs,

Mes cher.e.s collègues,

Nous sommes réuni.e.s aujourd’hui en Assemblée plénière pour étudier ensemble la deuxième modification de l’année budgétaire, évoquer et débattre de sujets d’intérêt premier pour le Département, tels que les politiques de solidarité, l’accessibilité, les questions européennes, ou la politique des collèges.

Nous avons à cette occasion le plaisir d’accueillir parmi nous un nouvel élu. En effet, la vie des élu.e.s, comme la vie de toutes et de tous, est faite de projets, de choix, de nouvelles orientations. Franck Respriget, conseiller départemental, vice-président, a ainsi fait le choix d’une toute nouvelle vie, sous d’autres lumières, près d’autres rivages. Il s’installe outremer et doit pour ce faire laisser également son mandat avec, je le sais parce qu’il me l’a confié, un véritable pincement au cœur. Je le remercie de son action pour les Finistériennes et les Finistériens toutes ces années, de son engagement à nos côtés, de son soutien, de son apport à la construction des politiques publiques dans un souci permanent de l’intérêt général et de la justice sociale.

Heureusement, notre déception de le voir partir est en partie compensée par le plaisir d’accueillir en notre assemblée un nouveau venu. Je souhaite la bienvenue à Kevin Faure, élu du canton de Brest 1, Bellevue Lambézellec, ex-suppléant et nouveau conseiller départemental. Nous savons pouvoir compter sur ses convictions, sur son engagement, sur ses idées, pour nourrir et mettre en œuvre le projet du Département.

Je le disais, la vie des élu.e.s suit comme celle de beaucoup de nos concitoyennes et concitoyens, des parcours évolutifs, de nouvelles orientations. Ce n’est un secret pour personne, puisque l’information a filtré, Jean-Marc Tanguy m’a également fait part de son souhait de s’engager dans une nouvelle voie professionnelle, dans un projet personnel et familial. Il reste conseiller départemental, mais m’a très récemment remis ses délégations. Je le remercie de son implication toutes ces années et je sais pouvoir compter sur lui pour continuer à œuvrer, à nos côtés, à mettre en œuvre le projet départemental.

Franck Respriget, comme Jean-Marc Tanguy, étant membres de l’éxécutif départemental, je vous proposerai aujourd’hui de procéder à l’élection de deux nouveaux vice-présidents.

Lors de la session plénière de février dernier, au cours de laquelle des échanges nourris s’étaient instaurés sur la question de la démographie collégienne dans le secteur de Landerneau, je m’étais engagée à proposer aux élu.e.s départementaux, d’ici la fin de l’année, un arbitrage sur l’opportunité de construire un nouveau collège dans cette partie est du pays de Brest. C’est donc avec la satisfaction d’un travail d’analyse abouti et du respect de notre parole que nous présenterons tout à l’heure une délibération à ce sujet. Je tiens à remercier le président et les membres de la commission des solidarités, de l’enfance et de la famille, ainsi que les agents du département, la direction académique, les élu.e.s locaux et les représentant.e.s de parents d’élèves pour le travail accompli pendant des mois autour de ce projet. Si la décision est prise d’aller vers l’ouverture de ce nouvel établissement, ce dont je ne doute pas vraiment, c’est sur le soutien et l’engagement de toutes et tous que je compte désormais pour permettre la réalisation de ce projet dans les meilleures conditions, pour le bien-être et la qualité de vie et d’étude, non seulement des jeunes qui y seront accueillis, mais de l’ensemble des collégiennes et collégiens finistériens.

Quelques mots, pour terminer sur des sujets d’actualité qui nous concernent et nous occupent au premier chef.

La question européenne, que nous évoquerons tout à l’heure plus avant, tant dans son présent que dans son avenir à construire est d’une brûlante actualité : fonds européens, plans d’investissement, politiques de cohésion…, nombreux sont les sujets qui animent les débats dans les différentes instances de l’Union.

Au comité des Régions d’Europe, la semaine dernière, nous avons ainsi porté collectivement notre souhait de prendre une part active aux discussions en cours et de voir les collectivités locales et territoriales y être étroitement associées.

Bientôt doivent également se dénouer les derniers points de négociation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Theresa May présentait hier ses dernières propositions et les échanges continuent ce jour. Nous devrions connaître prochainement les détails de l’accord, si accord il y a. Libre circulation des personnes, pêche, frontières, Irlande : sur tous ces sujets comme sur bien d’autres encore, les conditions de la négociation sont cruciales dans la vie quotidienne, professionnelle, de millions d’Européennes et d’Européens, et singulièrement des Bretonnes et des Bretons. Pour ne parler que du sujet de la mer, il est ainsi évident que les conditions du Brexit auront des conséquences sur les questions maritimes, de l’économie bleue à la pêche en passant par la gouvernance internationale et la sécurité. Signe que l’incertitude est grande : le règlement du nouveau FEAMP (fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche), dont j’ai eu l’honneur d’être la rapporteure générale au Comité des régions, prévoit de construire un outil spécifique uniquement à l’issue des négociations.

Le sujet connexe des corridors maritimes et plus spécifiquement du réseau transeuropéen de transport nous amène à nous mobiliser collectivement, en Finistère, pour positionner nos ports de Brest et Roscoff dans les discussions en cours et à venir. J’ai signé, avec le Président de Brest métropole et le président de la CCI, un courrier à destination du Premier ministre à ce sujet. Les députés finistériens ont depuis entrepris la même démarche. Le président du Conseil régional de Bretagne, ainsi que nos sénateurs et sénatrices ont également saisi le gouvernement à ce sujet. Ce n’est que portée par l’Etat, au sommet de l’Etat, dans les instances décisionnelles de l’Union, que cette question pourra trouver une réponse satisfaisante. Ce positionnement vient rejoindre nos préoccupations sur l’accessibilité de la pointe bretonne et la place qu’elle occupe dans l’espace européen des échanges et des circulations.

Je souhaiterais, pour terminer, à la veille du prochain congrès de l’Assemblée des départements de France, évoquer les questions fondamentales d’organisation territoriale et de décentralisation.

Le mois dernier étaient réunis à Marseille les élu.e.s des différentes collectivités, rassemblé.e.s pour un même appel pour la république des territoires. Après plusieurs mois d’achoppement du dialogue avec l’Etat, ces territoires unis ont en effet appelé à un sursaut en faveur de la décentralisation, appel reformulé plus localement, en Finistère, lors du carrefour des communes. Les inquiétudes, en effet, sont nombreuses pour les collectivités : la question de leurs ressources, celle de leur capacité à faire, à décider, à innover, à proposer.  Il semble que le message a porté et Gérard Larcher comme Dominique Bussereau qui nous faisaient hier retour de leur rencontre avec le Président de la République et le Premier ministre, nous indiquaient que « les lignes avaient bougé ».

Depuis Marseille, en effet, un ministère a été créé spécifiquement, confié à Jacqueline Gourault, et les échanges ont repris entre les associations d’élu.e.s, le Président de la République et le Premier ministre. Hier, lors des rencontres ADF, lors de la COMEX, les expressions étaient unanimes : nous demandons instamment que la décentralisation fonctionne réellement, qu’elle permette les initiatives locales, la réalisation des projets construits pour et avec les habitantes et les habitants, qu’elle permette à la France de s’enrichir des spécificités des territoires. Après les quelques signes positifs de ces derniers jours, nous attendons des propositions concrètes en ce sens, tant sur la question des ressources fiscales que du pacte financier ou la capacité d’initiative des collectivités.

Un simple exemple de ce que nous pourrions mettre en œuvre ensemble, une fois les questions essentielles des ressources réglées : au début de ce mois a été présenté le plan pauvreté. Présente-t-il des axes de travail intéressants ? Oui. Est-il suffisant ? Je ne le pense pas. Il nous faut aller plus loin et les Départements sont tout à fait à même de permettre ces pas supplémentaires essentiels.

Pour nous, une association réelle à ce plan serait une illustration de la volonté de l’Etat de s’engager à travailler avec les collectivités. En effet, ce plan a été construit sans aucune concertation avec les Conseils départementaux, sans aucun partenariat institutionnel avec l’association des départements de France. Il concerne pourtant les missions de nos collectivités au premier chef. Protection de l’enfance, petite enfance, insertion, lutte contre l’exclusion : nous sommes sur des champs de compétences majeurs des Départements et nombre d’exemples de ce plan sont tirés de leur travail, de leurs réflexions et de leurs projets. Il est ainsi possible de lire le plan pauvreté comme une compilation de bonnes pratiques repérées sur les territoires, mises en œuvre par les départements. Il rejoint ainsi les axes de travail posés dans le plan départemental d’insertion voté en 2016. De la même façon, le projet « Petits pas, grands pas », l’indice de solidarité territoriale, l’expérimentation de la garantie jeune, l’attention à la mixité sociale dans les collèges, les propositions d’accompagnement différencié des personnes en situation de handicap, sont autant d’exemples qui illustrent les attendus du plan pauvreté et des contributions directes à la construction d’une société plus juste et plus équitable, donc plus forte et plus riche.

Nous étions hier le 17 octobre, journée internationale d’élimination de la pauvreté. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, s’exprimait ainsi : « […] rappelons-nous que l’élimination de la pauvreté n’est pas un acte de charité mais une question de justice. » C’est bien cette préoccupation de la justice qui doit guider nos actions en la matière. Le propos n’est pas uniquement de refuser la misère, mais bien d’agir pour éliminer la pauvreté. Et, nous le savons, la pauvreté n’est pas uniquement un problème économique, mais un phénomène multidimensionnel de responsabilité collective et sociale qui dépasse l’absence de revenus. C’est bien en travaillant spécifiquement tous les aspects que nous parviendrons à apporter une réponse satisfaisante à cette question préoccupante.

Afin de nous engager dans cette dynamique et être en mesure de proposer des axes précis de réflexion et d’action, j’ai décidé de proposer la mise en place d’un groupe de travail stratégique transversal sur le plan pauvreté. Il prendra la forme, comme le prévoit notre règlement intérieur, d’une mission d’étude de six mois. La présidence en sera confiée à un conseiller départemental ou une conseillère départementale, associé.e à une personnalité extérieure investie sur ce sujet. J’engage les élu.e.s du Département à me faire part de leur intérêt et de leur souhait de participer à cette mission qui, dans l’idéal, sera composée d’un panel paritaire et représentatif des différentes commissions. Dès que sa composition sera arrêtée, nous ouvrirons les travaux de cette mission, qui présentera ses conclusions en séance plénière de juin au plus tard. Ce travail sera bien entendu mené en étroite collaboration avec les agents de notre collectivité et nos partenaires y seront associés.

Comme vous le voyez, loin d’être découragé.e.s par le contexte contraint qui nous est imposé ou qui s’impose à nous, c’est plus que jamais déterminé.e.s à faire entendre la voix des habitantes et habitants de notre département, à faire bouger les lignes de ces contraintes, à construire un projet collectif, à coopérer, innover, expérimenter, tester, à faire vivre la spécificité de notre territoire comme ses convergences avec les autres, c’est plus que jamais déterminé.e.s que nous avançons, ensemble.