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Séance plénière d’octobre 2015 : le discours de Nathalie Sarrabezolles

Retrouvez le discours d’ouverture de la Présidente du Conseil départemental lors de la Séance plénière du 22 octobre 2015.

« Mesdames, Messieurs, cher(e)s collègues,

Chacun et chacune d’entre nous est régulièrement pris à témoin : le monde semble aller très mal. De mauvais augures déforment les faits, amplifient les craintes et prospèrent en paralysant de manière quasi hypnotique des citoyens pour les persuader que repli sur soi ou table rase valent mieux que réforme et changement.

À cela, nous devons nous opposer fermement, car chacun sait à quoi mène ce cycle. Pour le contrer, pour le briser, il nous faut tous agir. Agir collectivement. Regarder objectivement la situation, chercher de manière constructive des solutions aux problèmes rencontrés et refuser de s’enfermer ou d’exclure. Nous ne vivons ni une crise de civilisation ni une crise économique supplémentaire, nous le savons, mais une transformation profonde des sociétés humaines, comme notre histoire en a connu d’autres, notamment deux révolutions industrielles. Ce que nous vivons aujourd’hui avec la révolution de l’information est de même nature. Chaque continent le vit à sa mesure, dans un mouvement général et un temps accéléré. Nous avons quant à nous de nombreux atouts, parmi lesquels, et ce ne sont pas les moindres, un socle éducatif et solidaire, des savoirs et connaissances, de la créativité et de l’engagement, ainsi qu’un haut niveau de services et d’infrastructures publiques et privées.

Oui, des signes positifs existent. Oui, nous avons de bonnes raisons d’être optimistes pour l’avenir, pour la mise en œuvre d’un projet partagé de développement social, économique et environnemental.

Bien sûr, le Finistère n’est pas épargné par les difficultés. Il serait absurde de les nier. L’actualité depuis notre dernière séance plénière nous le confirme. Je suis, nous sommes toutes et tous, préoccupés par la situation de l’emploi, de l’économie, par celle de l’agriculture et des agriculteurs, autant que par les réponses à apporter aux enjeux démographiques et de solidarité. Les difficultés des filières agricoles ne datent pas de cet été et le Conseil départemental a été et reste présent aux côtés de ses partenaires pour trouver des solutions, par l’intermédiaire de ses élus, notamment de Michaël Quernez, par l’intermédiaire de ses agents. Plus de 16 millions d’euros ont ainsi été apportés aux filières et aux exploitants, en particulier aux jeunes, ces cinq dernières années. Nous avons par ailleurs également développé et encouragé des projets de circuits courts pour les repas hors domicile, soutenu l’enseignement agricole, par exemple. En agissant sur l’éducation et sur l’emploi nous actionnons les leviers de l’insertion professionnelle.

L’action publique que nous menons évolue dans ses modalités pour ne pas perdre son sens politique profond et, tout au long de l’année, nous avons l’opportunité d’agir très directement. Les aides techniques et financières que nous apportons à travers nos différents programmes améliorent la qualité de vie pour les habitantes et les habitants, renforcent l’attractivité de notre territoire, soutiennent l’économie et contribuent à maintenir ou créer de l’emploi. Notre présence, tant auprès des acteurs locaux que dans les instances régionales, nationales et européennes, nous permet, me permet, de porter la voix et les aspirations des Finistériennes et des Finistériens, mais également l’exemple du Finistère, territoire créatif, solidaire, et reconnu comme tel. En effet, les retours positifs sont nombreux sur l’exemple finistérien, tant sur les solutions innovantes proposées que sur les processus collaboratifs et partenariaux.

Deux exemples pour les illustrer.

Dans un objectif de connaissance, d’ouverture au monde, de partage, nous avons mis en œuvre un plan ambitieux de lecture publique destiné à structurer le département en bassins de lecture et développer un véritable service public de proximité. Mené sur 10 ans, il arrivera à son terme lors de l’inauguration de la médiathèque de Plonévez du Faou, dernière antenne de la Bibliothèque départementale du Finistère, le 27 novembre prochain. Cet établissement a été réalisé en étroit partenariat avec la commune, qui souhaitait ouvrir une salle multifonction, permettant la mutualisation d’équipements.

A tous les âges de la vie, au quotidien, le Conseil départemental est bien présent. Le nouveau schéma « Bien vieillir en Finistère » qui vous sera présenté aujourd’hui, en est une autre illustration. Au-delà de la prévention de la perte d’autonomie et de l’accompagnement des personnes âgées et de leurs familles, c’est bien un état d’esprit de société qu’il veut traduire, illustrant l’opportunité qu’offrent à nous ces années de vie gagnées, l’opportunité de voir se côtoyer et s’enrichir mutuellement 4 et potentiellement même 5 générations. Et c’est donc bien par un ensemble d’acteurs que ce schéma doit être porté dans tous les domaines concernés : logement, déplacements, culture et citoyenneté…

Qu’observons-nous dans notre département : des inégalités moins fortes que dans le reste du pays, un taux de chômage moins élevé, une vie associative riche, d’excellents résultats de notre jeunesse aux examens…Nous avons une jeunesse allante, qui réussit. À nous de l’accompagner dans ses attentes, ses projets et son autonomie. La jeunesse, c’est la force d’un département. Dans le contexte budgétaire contraint que nous connaissons, nous avons décidé de continuer à faire de l’éducation et des conditions de scolarisation des collégiennes et collégiens une priorité. Nous investissons chaque année 20 M€ pour le fonctionnement des établissements et les projets pédagogiques et 25 M€ pour entretenir le bâti. Cet investissement n’a de cesse d’être renforcé chaque année depuis que nous en assumons la compétence. Les 460 agents techniques départementaux et les délégataires œuvrent quotidiennement pour l’accueil, l’entretien, la maintenance, la restauration, l’internat et le transport afin de garantir les meilleures conditions d’accueil et de vie au sein de nos collèges publics. Nous étudions les évolutions démographiques grâce à notre Observatoire de la vie collégienne et nous adaptons notre action en conséquence. C’est cette prospective qui a conduit à la décision d’entamer une concertation en vue de l’éventuel redéploiement des effectifs de deux collèges. La procédure se poursuit et j’en profite pour saluer le travail et l’engagement de Marc LABBEY pour les jeunes de ce département et qui assume solidement ce choix des élus départementaux et la mission que je lui ai confiée. Je vous confirme qu’il s’agit bien d’une procédure de concertation, que les paroles recueillies lors des deux réunions publiques, comme les contributions écrites que nous avons reçues et que nous recevrons, font l’objet de discussions, qu’elles seront étudiées et intégrées à la concertation et à la décision. Je m’y engage.

Autre signe positif, parmi ceux que j’évoquais tout à l’heure : les Etats et les peuples, après avoir partagé le constat d’un dérèglement climatique, se mobilisent de plus en plus en faveur d’une action commune. La France va ainsi accueillir et présider, jouant en cela un rôle de premier ordre sur le plan diplomatique international, la « COP 21 », du 30 novembre au 11 décembre prochains à Paris. Cette conférence doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous les pays, dans l’objectif de maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2°C. En Bretagne, en Finistère également la mobilisation est forte autour de ces questions. Je vous invite à lire les contributions nombreuses et variées qui ont été publiées à cette occasion. Je vous informe que nous recevrons le 8 décembre à la Maison du Département 200 lycéennes et lycéens qui participent au projet régional intitulé « Simulation ONU ». Le Conseil départemental mettra également en valeur les nombreuses actions décidées par ses élu(e)s, notamment depuis 2008. En effet, pionnier en la matière, notre département a alors mis en œuvre le premier plan climat-énergie porté par une collectivité territoriale. Je tiens à saluer ce travail collectif dont Armelle Huruguen nous présentera tout à l’heure le bilan. Je vous informe également que la Bretagne va être valorisée avec deux autres régions par le Groupement d’intérêt économique et environnemental pour ses actions en faveur de l’agro-écologie et que nous organisons prochainement une rencontre entre les représentants de la presse nationale et les chefs des entreprises innovantes du Finistère dans le domaine des énergies renouvelables.

Il est essentiel d’initier la conquête de l’avenir. Il nous faut à la fois répondre à l’urgence sociale et préparer notre futur, celui de nos enfants. C’est à nous, collectivement, de trouver les moyens de pallier les inégalités, de soutenir les personnes que le changement met à mal. Vous le verrez lors de l’examen de la Décision budgétaire modificative : il nous faut abonder notre budget consacré au paiement du RSA. La situation est inquiétante, même si notre département est significativement moins touché que bien d’autres, mais là où certains s’affolent seulement du montant à payer, je m’inquiète surtout de la situation de ces centaines d’hommes et de femmes qui luttent au quotidien pour trouver un emploi et qu’il nous faut accompagner de la meilleure façon. Depuis 10 ans maintenant les départements de France se mobilisent pour que l’Etat cesse de faire reposer les allocations de solidarité nationale (RSA, APA, PCH) uniquement sur les territoires. Nous avons obtenu une première avancée en 2013 et des discussions sont en cours pour le prochain projet de loi de finances, mais il nous faut rester vigilants et insister à la fois sur la nécessaire pérennité du financement de ces dispositifs de solidarité et sur les indispensables politiques d’insertion que nous devons mener en parallèle. C’est le message que je porte, avec mes collègues de l’Assemblée des départements de France.

Par ailleurs, les lois NOTRe et MAPTAM portent une nouvelle organisation territoriale dans laquelle il nous faut nous inscrire avec détermination. Innovants, nous l’avons été, nous le sommes et nous devons continuer à l’être. Nous travaillons ainsi, depuis cet été, à esquisser ce que sera le cadre d’action de notre collectivité et les grands axes de nos partenariats pour conforter son efficacité. Car si les textes prévoient un certain nombre de compétences clairement transférées, ils laissent, sur d’autres, latitude aux territoires sur leur exercice. J’ai rencontré ainsi notamment le Président de la Région Bretagne et le Président de Brest Métropole pour aborder ces questions avec eux, ainsi que des élus de différentes parties du territoire. Au Conseil départemental, dans chaque commission, les élus seront amenés à étudier les évolutions relatives à la nouvelle organisation territoriale de la République, afin que nous soyons en mesure dès le début de l’année prochaine, de proposer un nouveau cadre d’actions aux Finistériennes et Finistériens. Le calendrier est fixé et les objectifs, précis. Les élus travailleront en commissions dès novembre et une première présentation sera proposée au Débat d’orientations budgétaires pour une traduction dans le budget voté fin janvier. Parallèlement, comme je m’y suis engagée, nous consulterons les Finistériennes et les Finistériens pour une nouvelle feuille de route des 5 années à venir, établie à partir de notre projet et votée à la séance plénière de juin. Il est essentiel de réfléchir aux enjeux territoriaux, sans nous précipiter comme a pu le faire le Morbihan, en associant nos partenaires et en accompagnant le changement, notamment auprès des élus de proximité. C’est un calendrier ambitieux, mais à la hauteur des enjeux.

Car c’est bien aujourd’hui que nous construisons notre territoire de demain, riche d’innovations, de création culturelle, de dynamisme économique, d’aménagement utile et durable. Face aux nombreux défis qui s’annoncent, le Conseil départemental prendra toute sa place, remplira les missions de solidarités et d’égalité qui lui sont confiées, envers les habitantes et habitants du Département, en tenant compte des spécificités de chaque partie de son territoire. Le schéma d’accessibilité des services au public, que je co-préside avec le Préfet, sera un maillon de plus dans la mise en œuvre des solidarités territoriales.

Parmi les rapports que nous examinerons aujourd’hui, les trois premiers en sont un exemple fort. Contrats de territoires, Contrat de plan Etat-Région, Contrat métropolitain sont autant d’occasion d’affirmer la présence forte du Conseil départemental aux côtés de ses partenaires pour contribuer à porter le Finistère, tout le Finistère, à profiler son identité économique, culturelle, sociale, à assurer son attractivité et son rayonnement : enseignement supérieur et recherche, Bretagne Grande Vitesse, accessibilité et mobilité, grands projets d’aménagement… Ces contrats sont le résultat d’un travail régulier et collectif, notamment avec l’ensemble des intercommunalités et de leurs représentants, avec lesquelles nous sommes en contact quasi-quotidien. A travers les contrats de territoires, ce sont plus de 188 millions d’euros, qui sont insufflés dans les projets finistériens, en solidarité territoriale, en soutien aux communes : réhabilitation de salles de sport, aménagement de places ou revitalisation de centre-bourgs, participation à la réhabilitation des réseaux d’eau et d’assainissement, à la sécurisation des accès routiers…

Je ne pouvais terminer mon propos introductif sans évoquer celles et ceux qui sont les acteurs essentiels de l’action publique en Finistère. Je souhaite en effet rendre un hommage appuyé à l’action des agents départementaux et leur témoigner ma confiance. Leur engagement auprès des Finistériennes et des Finistériens, leur souci d’apporter leurs compétences pour améliorer le quotidien doit être souligné et valorisé. C’est ce que nous avons souhaité faire au travers de l’exposition qui vous sera présentée aujourd’hui en salle de réception.

Etre élu, c’est croire en l’action politique, donc en l’action collective pour l’intérêt général. Au lieu de diviser, il nous faut nous enrichir de notre diversité, il nous faut mobiliser toutes les énergies, les forces vives qui souhaitent se fédérer au service de notre département pour construire son avenir. Il faut pour cela être à la fois ambitieux et sérieux, car sans ambition pas de progrès et sans sérieux, rien n’est réalisable. »

Seul le discours prononcé fait foi