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Plan Régional de Santé - Intervention de Isabelle Assih - Séance plenière du 22 juin 2018

« Madame la Présidente,

Chers collègues,

Je souhaiterai revenir sur la situation plus que préoccupante de l’accès aux services médico-sociaux qui concernent les enfants, relevant, notamment, de la protection de l’enfance.

Ma collègue, Florence Cann, pointait à l’instant le fait que pour des prises en charge efficaces, l’enfant doit pouvoir bénéficier d’un diagnostic précoce et d’un suivi adapté.

La réalité, aujourd’hui sur notre territoire, c’est que les  enfants et familles nécessitant des prises en charge adaptées se trouvent face à des délais d’attente insoutenables. Ainsi, pour obtenir un premier rendez-vous dans un Centre Médico Psycho Pédagogique (CMPP) brestois, il faut compter 3 à 6 mois d’attente, morlaisien,  6 mois à 1 an, quimpérois jusqu’à 2 ans d’attente (90 enfants et adolescents sont actuellement sur liste d’attente) ! Et il ne s’agit là que du premier rendez-vous avec le médecin référent, pas du démarrage effectif des soins ou rééducations.

Concernant les CAMPS (centre d’action médico-sociale précoce), si les délais d’attente sont moindres, nous nous inquiétons vivement de la possibilité de prise en charge globale des bébés et très jeunes enfants, en raison d’un budget constant affecté aux services, malgré un nombre significativement croissant de très jeunes enfants pris en charge par le service. En 2009, à Brest, il y a avait 30 bébés accompagnés par le service. Aujourd’hui il y a 220 enfants !

Ces situations mettent en grande difficulté les familles, mais aussi, les professionnels de protection de l’enfance qui se retrouvent en tension entre les besoins de l’enfant et la nécessité d’aménager des solutions temporaires dans l’attente d’une prise en charge appropriée.

Aussi, dans les faits toujours, nos services se voient dans l’obligation pour assurer leurs missions de protection de l’enfance de solliciter de plus en plus de professionnels libéraux pour l’accompagnement psychologique des enfants confiés faute de pouvoir les orienter vers ces structures. Les dépenses liées à ces sollicitations augmentent relativement fortement depuis plusieurs années [la ligne « honoraires médicaux » qui recouvrent pour une grande partie ces frais est passée de 80 000 € en 2015 à 143 000 € en 2017].

Avec une embolisation aussi forte de ces structures, on pourra toujours signer de nouvelles conventions de partenariat, réorganiser les services, travailler à nouvelles sectorisations, mais, si dans les faits, il n’y a pas suffisamment de professionnels de santé, il n’y a aura pas de réponses effectives, et  apportées aux enfants et adolescents.

On le sait, dans ce secteur, la prise en charge précoce est une nécessité avant que ne s’installent des troubles chroniques. Dans la réalité de notre département, aujourd’hui,  nous observons chez certains enfants et adolescents une dégradation de leur état de santé, avec parfois, un impact sur leur développement global.

La situation est grave :

  • Humainement, d’abord, car la souffrance générée pour les jeunes finistériens et finistériennes est difficilement acceptable pour nous tous.
  • mais aussi, financièrement, car, au bout du bout, à défaut de prises en charge précoces et adaptées, nous le savons tous, les adultes finistériens de demain concernés par ce défaut de soins, seront en risques de difficultés majeures de santé globale, et, donc, d’insertion socio-professionnelle.

Le tristement marquant « pognon de dingue » qu’il sera nécessaire de mobiliser, demain,  pour accompagner ces futurs adultes «abîmés » sera bien de la responsabilité collective et publique, et non, d’une responsabilité individuelle.

Je repose donc ici la question des moyens qui restent à investir pour permettre un accompagnement à la hauteur, non pas des attentes mais bien des besoins de ces enfants et de leurs familles.

Je vous remercie, chers collègues, de votre attention. »