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Un Finistère connecté et ouvert - Intervention de Frédérique Bonnard-Le Floch sur la politique européenne portée par le Conseil départemental - Séance plénière des 1er et 2 février

Madame la Présidente, cher.e.s collègues,

En octobre 1991 le Centre de Recherche Bretonne et Celtique organisait un colloque international intitulé «1491, la Bretagne, Terre d’Europe ». 1491. Vous constatez avec moi, chers collègues, que l’arrimage de notre territoire à la réalité européenne ne date pas d’hier, et que ce fait historique, scientifique, ne relève pas d’un prisme idéologique quelconque. L’Europe fait non seulement partie intégrante de notre histoire locale, mais elle fait aujourd’hui plus que jamais notre actualité. Au premier chef, le Finistère est terre d’Europe. C’est à ce titre qu’il entend prendre toute sa part dans le vaste mouvement de débat, de lobby et de contribution qui anime les parties prenantes à la gouvernance européenne et qui a lieu en ce moment.

Le rapport qui vous est proposé aujourd’hui illustre la manière dont l’Europe irrigue de manière transversale des champs d’action publique majeurs pour notre département et vous propose de poursuivre en 2018 le travail engagé avec tous nos partenaires. Il s’agit de se saisir de l’Europe à la fois comme moteur et comme ressource pour le développement local, mais également comme catalyseur de la vision d’un destin commun pour des habitants et des territoires en interdépendance, confrontés aux mêmes défis. Notre volonté consiste à faire de cette réalité européenne historique une « réalité européenne augmentée », c’est-à-dire un espace porteur de sens politique, un espace de projets partagés, et un espace de réussite qui ne laisse de côté ni aucun citoyen ni aucun territoire.

Cela est à présent reconnu bien au-delà de nos frontières administratives, le Finistère est à la pointe des questions européennes dans l’Ouest, car il utilise tous les leviers à sa disposition :
1. En s’investissant fortement dans la coopération territoriale européenne avec la Cornouailles Britannique et la Communauté Inter-Municipale d’Alto Minho, qui produit d’ores et déjà de nombreuses actions concrètes financées par les fonds européens inter-régionaux ;
2. En mobilisant massivement les fonds structurels européens – presque 50 millions d’euros à ce jour - pour soutenir la cohésion sociale et territoriale, la politique agricole commune et la politique de la pêche et des affaires maritimes ;
3. En intensifiant, à partir de 2018, ses efforts de promotion de la citoyenneté européenne, notamment en direction de la jeunesse finistérienne afin de faciliter sa mobilité et donc sa qualification et sa formation ; en préparant les débats citoyens nécessaires dans la perspective des élections européennes de
4. Enfin en étant à l’initiative de démarches politiques communes fortes, autrement dit à l’initiative de la structuration d’un véritable lobby territorial ouest breton augmenté de nos partenaires anglais et portugais, pour contribuer à influencer la définition des futures politiques de l’union européenne :  contribution sur la PAC, contribution sur la politique de cohésion et l’évolution des fonds FSE, FEDER, FEADER, FEAMP,  contribution sur l’avenir des fonds transnationaux INTERREG, Horizon pour l’innovation et la recherche, Erasmus +, etc.

Un mot pour finir sur l’enjeu du Brexit. Vous le savez, les liens avec le Royaume-Uni ne s’effaceront pas avec son départ de l’Union européenne. C’est au quotidien que nos universités, nos entreprises, nos collectivités, mais également nos habitants vivent la relation avec leurs homologues de l’autre côté de la Manche.  Garants des solidarités humaines et territoriales, les Départements défendent le maintien d’outils facilitant les échanges entre les deux rives au-delà de la seule dimension économique. Ainsi, il nous est apparu essentiel d’interpeller officiellement Messieurs Barnier et Le Drian pour leur faire part officiellement de cette volonté, partagée par un collectif de départements maritimes que nous avons réunis au sein de l’ADF. Nous avons tout juste commencé à travailler sur le co-développement avec Morlaix Communauté d’une plateforme de coopération avec le sud de l’Angleterre, et nous souhaitons également profiter des liens privilégiés de la Région Bretagne avec le Pays de Galle pour impulser des actions transfrontalières au sein du groupe de travail Brexit régional, tout comme au sein du groupe de travail Brexit métropolitain.

Ce ne sont que quelques exemples issus des axes de travail de notre stratégie territoriale européenne, en cours de réflexion et d’élaboration au cours de l’année 2018. Nous nous sommes donnés pour objectif de donner dynamisme, force et cohérence à toutes les initiatives des acteurs et des institutions qui souhaitent œuvrer dans le champ européen sur le territoire du Finistère. Cette stratégie sera élaborée de manière participative, et vous aurez l’occasion d’y contribuer pleinement.

Permettez-moi une note d’humour pour conclure mon propos. En pensant à nos ancêtres bretons de 1491 me vient une ambition nouvelle. Le président Trump veut rendre sa grandeur à l’Amérique, « make America great again » et il ne fait que l’isoler dans son égoïsme  ; nous, nous avons entrepris de projeter notre Finistère à sa bonne échelle, celle du monde : « make ARmorica great again » (rendre à l’Armorique sa grandeur) !

Je vous remercie de votre attention.